Diriger une société française lorsqu’on est citoyen britannique soulève des questions majeures de responsabilité. Faute de maîtriser les règles locales, le dirigeant britannique comme l’entreprise s’exposent à des poursuites civiles ou pénales potentiellement lourdes. Cet article fait le point, de manière générale et pédagogique, sur la responsabilité du dirigeant britannique en société française. Il ne constitue pas un avis juridique ; chaque situation appelle un accompagnement personnalisé par un avocat inscrit au barreau compétent.
1. Responsabilité personnelle du dirigeant britannique
Responsabilité civile
Un dirigeant engage sa responsabilité civile lorsqu’une faute de gestion cause un préjudice :
- perte financière pour la société ;
- dommage subi par un client, fournisseur ou partenaire ;
- manquement aux statuts ou à la loi.
Cette responsabilité est personnelle, indépendante de la nationalité : le dirigeant britannique répond des mêmes obligations qu’un dirigeant français.
Responsabilité pénale
Le dirigeant peut être poursuivi pour :
- abus de biens sociaux ;
- fraude fiscale ;
- travail dissimulé ou infractions au droit du travail.
Ici encore, c’est l’exercice effectif des fonctions en France, et non la nationalité, qui déclenche la compétence des juridictions pénales françaises.
2. Responsabilité de la société française
Responsabilité civile de la personne morale
La société doit réparer tout dommage causé à des tiers par ses activités (art. 1242 C. civ.).
Responsabilité pénale de la personne morale
Depuis la loi du 9 mars 2004, la société peut être condamnée pour des infractions commises pour son compte par ses organes ou représentants, y compris un dirigeant britannique.
3. Particularités liées à la nationalité britannique
Notifications et délais procéduraux
Les actes de procédure sont signifiés à l’adresse du dirigeant au Royaume-Uni, ce qui allonge les délais de défense.
Coopération judiciaire post-Brexit
Les mandats d’arrêt et demandes d’entraide reposent désormais sur des accords bilatéraux ; la coopération reste possible, mais les formalités sont plus lourdes.
Interdiction de gérer
Une interdiction prononcée en France (C. com., art. L. 653-8) s’applique même si le dirigeant réside outre-Manche.
4. Cumul des responsabilités
En pratique, la société et son dirigeant sont souvent poursuivis simultanément. Exemple typique : en cas de fraude fiscale, l’administration réclame les droits éludés à la société et engage la responsabilité pénale du dirigeant pour complicité.
5. Bonnes pratiques pour limiter les risques
- S’informer précisément des obligations légales françaises.
- S’entourer de conseils compétents (avocat, expert-comptable).
- Déployer un programme de conformité (anti-corruption, RGPD, fiscalité).
- Tenir une gouvernance transparente : procès-verbaux à jour, comptabilité fiable.
- Mettre en place un contrôle interne pour détecter les irrégularités.
À retenir
La responsabilité du dirigeant britannique dans une société française est complète : civile et pénale, personnelle et cumulable avec celle de l’entreprise. Une vigilance accrue et des process de conformité solides sont indispensables pour sécuriser l’activité et prévenir les contentieux.